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Contextualisation du travail

En tant que future enseignante, on se heurte inéluctablement aux processus d'apprentissage des élèves. Que se passe t-il dans leurs têtes? Comment réfléchissent -ils en situation de dictées ? A partir d’un extrait vidéo issu de mon Travail d’Etudes et de Recherches 1 , il s’agit de donner la parole à l’élève et de construire un travail d’analyse en accordant de l’importance à cette parole. Cette recherche s’appuie sur l’élaboration et la production de traces écrites d’élèves de CE1 à partir desquelles j’ai pu observer des incohérences. J’ai constaté qu’au cours de ces réalisations les élèves adoptaient des procédures sans pour autant « être actif intellectuellement ».

Enjeu

L’enjeu du fragment présenté est donc de comprendre le fonctionnement de l’élève, d’accéder à sa pensée subjective afin de l’aider dans son processus d’apprentissage, de lui faire prendre conscience de ses actes et de son cheminement intellectuel.

Méthodologie

Les entretiens métagraphiques permettent à l’enfant de mettre en correspondance la stratégie utilisée et le résultat pour s’auto évaluer. Il s’agit de laisser la parole à l’enfant pour qu’il nous explique comment il a fait, à quoi il a pensé afin de suivre sa démarche intellectuelle pas à pas.

La richesse incontestée de la méthode favorise l’accès aux conceptions intrinsèques des élèves .Le rapport au savoir est aussi analysé de leurs points de vue ainsi que les obstacles et difficultés.

Analyse

Dans l’extrait vidéo proposé (cf élève A), on constate qu’une erreur cache un raisonnement et du sens. L’erreur n’est pas synonyme de manquement ou d’étourderie mais reflète un état en cours de construction, un savoir plus ou moins erroné. Toutefois cette capacité d’expression n’est pas à la portée de tous les élèves, certains éprouvent des difficultés à adopter une posture métacognitive ( cf élève B).

Important

L’enseignant doit être conscient du caractère unique de chaque élève. Il nous semble qu’il n’existe non pas un rapport au savoir mais des rapports au savoir forgés par les prédispositions individuelles de chacun (styles cognitifs, systèmes d’évocation, styles de pensée…). Notre devoir est bien de saisir le plus fidèlement possible l’unicité de chaque être afin de permettre à l’élève d’emprunter le chemin intellectuel le plus adapté à son identité. Les moyens de cette mise en œuvre sont donc les entretiens méta cognitifs et les questionnaires d’autoévaluation permettant ainsi à l’élève de s’autoréguler.

1 Mené en Master de l’Education et de la Formation, spécialité enfance, enseignement, éducation, intitulé "Comment impliquer l'enfant dans son apprentissage à travers son rapport au savoir ?" au cours de l’année 2012/2013 sous la direction de Muriel Frisch .

Analyse élève A

A travers cette allo confrontation, on constate que l’élève raisonne selon des interactions quotidiennes puisqu’elle a surement entendu dire "un beau garçon" plutôt qu’un "garçon joli". Elle a donc déduit qu’on employait le mot « joli » pour qualifier une fille et a rétabli par la suite la graphie correcte en rappelant qu’il y a un « e » lorsque c’est au féminin. Cette conception sous-jacente ne peut être connue sans cet échange intersubjectif.

La 2e question quant à elle permet de montrer les difficultés liées au transfert puisque c’est le verbe "chanter" qui a été utilisé comme modèle pour la leçon sur le présent des verbes du 1er groupe. L’élève n’a pas conceptualisé cette connaissance puisqu’elle ne l’applique pas pour le verbe chanter. Connaître sa leçon semble être plus important et plus facile que la comprendre. L’apprentissage est un processus long où chaque notion doit être répétée et faire sens auprès de l’enfant sous peine d’être non convoquée à l’avenir.

 

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Analyse élève B

Ce 2e extrait présente aussi la dictée et les commentaires de l’élève. On constate de nombreuses erreurs pouvant être expliquées différemment. Une fois avoir écarté l’étourderie comme la cause des erreurs du pluriel des groupes nominaux, ma tutrice de stage Mme Frisch et M. Paragot ont envisagé un phénomène de contamination pour la 1ère phrase au sens où l’élève place un «s » à chaque fin de mot. Cette hypothèse peut se compléter aussi par l’utilisation d’un pluriel nominal pour un verbe. C’est pourquoi je pose une question concernant la règle de substitution pour aider l’élève à trouver la bonne terminaison du verbe sans pour autant l’induire fortement. Sa réponse témoigne d’une connaissance procédurale mais dépourvue de sens puisqu’il ne met pas en correspondance la stratégie et le but visé.

La particularité de cet extrait est la difficulté de l’élève à s’exprimer. En effet, on observe de longues pauses où des réponses du type « je ne sais pas », « j’ai pensé à rien » ce qui vient corréler les propos de Zimmermann (1989) : si l’élève a plus de facilités à s’exprimer sur ce qu’il fait, à s’auto-évaluer, il aura de meilleures performances scolaires. C’est pourquoi cet auteur considère l’autorégulation comme la clé de l’apprentissage. On peut se demander si cette difficulté est liée à la nouveauté de cet exercice, à une timidité d’où l’intérêt de réitérer ces entretiens. Petit à petit, l’élève se découvrira à travers ses actions, appréhendera sa démarche intellectuelle et s’impliquera dans son apprentissage.

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