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« Trop délire ! » ou Le temps des récoltes
Lundi 13 octobre 2008
Sortie improvisée au jardin ce lundi après-midi. Le « coup de feu » de la rentrée s'est prolongé et voilà ce 13 octobre – déjà ! - qui nous arrive, et le jardin ? Notre dernière visite date de fin juin. L'absence de sécheresse cet été (finalement pluvieux) contient l'inquiétude de l'enseignant. On y va. Nous passons signaler à Mme la principale adjointe notre escapade - « Quelle chance vous avez ! » nous lance-t-elle. Bien vu.
Nous nous munissons d'un grand sachet en plastique comme pour nous convaincre de la récolte nécessairement abondante qui nous attend.
Nos dernières sorties dans le quartier avaient pour objet son repérage in situ et sur le plan qui en représente le dédale. « Nous allons emprunter un nouvel itinéraire, faites-y attention ! » annonce le pédagogue déterminé à faire flèche de tout bois, projectile qui ira se ficher en plein centre (cela va sans dire) de l'objectif pédagogique mûrement établi.
Cette fois-ci nous bifurquerons après le canal pour emprunter la voie ferrée désaffectée. L'envers du décor d'une ville. Les murs des anciens bâtiments d'usine sont magnifiquement recouverts de tags (que les élèves photographient tant ils sont beaux) dans un décor de décharge publique. On imagine qu'à leurs heures ces lieux sont habités de marginaux. Des matelas et couvertures jonchent le sol çà et là.
Le parcours est ponctué des questions des élèves. Chaque fois une occasion pour apprendre quelque chose, comme ça, spontanément, au fur et à mesure des étonnements.
La chaleur quasi-estivale de ce début d'automne ralenti le rythme de la marche mais comme tout finit par arriver, nous également.
Rue Mac Mahon. À chaque fois, je pose la question « Qui était Mac Mahon ? » et à chaque fois les élèves ne savent pas. Il faut dire que le nom évoque beaucoup d'autres choses que ce qu'il est censé signifier. La grosse clé nous ouvre le jardin.
Clôt et arboré, il est essentiellement d'agrément. Contre le haut mur exposé plein sud une parcelle en friche tranche avec la prairie finement tondue. Nous approchons. Les pluies régulières des trois derniers mois ont bien fait pousser les herbes (qu'on dit mauvaises parce qu'indésirables). La plupart sont montées en graine et presque sèches. Seul un gros effort d'imagination nous permet de reconnaître le potager pourtant impeccablement ratissé du printemps dernier. Il y a bien la fourche-bêche crânement plantée aux abords qui rappelle d'anciennes campagnes et qui semble aujourd'hui une bien vaine vigie. L'enseignant – c'est lui le responsable, y compris de l'échec qui s'annonce, peut-être – empoigne l'outil est indique, geste à l'appui, comment il s'agit de s'y prendre. Le fer s'enfonce aisément dans cette terre d'alluvion à peine ressuyée. Les élèves sont étonnamment attentifs, visiblement plus intrigués par la démarche que par l'éventualité d'un résultat probant de leurs lointains semis printaniers. Le fer soulève une parcelle de la planche vaguement maraîchère et – miracle !- apparaissent de belles carottes d'un orange éclatant au soleil de l'après-midi.
« Trop délire ! » lance Océane qui découvre à ce moment comment poussent les carottes tout en envisageant le jardinier comme un prestidigitateur de haut vol.
Le reste de la récolte tourna à la course au trésor. L'acmé en fut la récolte des pommes de terre. Leur belle couleur dorée leur donnait des allures de grosses pépites.
Les haricots-beurres faisaient grise mine ; l'écossage découvre de beaux haricots secs. Valentin confectionna quelques bottes d'oseille (pour la soupe). On y ajoutera avantageusement navets et oignons.
Le nettoyage des légumes se fit au jet d'eau, source immuable de joie pour les enfants. L'ensemble de la récolte se retrouve entassé dans le sac plus si grand que cela.
Un salut aux collègues de l'école maternelle adjacente au jardin, tout deux séparés d'une petite porte en bois, seule faille à l'imposant mur de pierre.
C'est l'heure de la sieste des petits alors silence ! Alexandra, la directrice, est dans son bureau d'où s'échappent les effluves de pains en fin de cuisson. C'est la semaine du goût et les activités culinaires battent son plein dans les écoles élémentaires. Alexandra nous indique la direction pour trouver des élèves en activité à cette heure. La classe des grands (je regarde mes élèves) se trouve au fond du couloir. Pour les collégiens cette visite c'est la machine à remonter le temps ! Ils sont effarés de cette école en miniature. Ce n'est pas leur première visite mais l'étonnement est vivace (la fois dernière, la visite des toilettes restera un grand souvenir...).
Retour au collège.
Si l'excavation est le point d'orgue de toute chasse au trésor, le partage du butin est en l'indispensable – et essentielle – conclusion. Chacun est rentré chez lui avec un sachet garni de légumes pour la soupe du soir.
Bon appétit !

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