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Les vendredis après-midi sont difficiles pour des enfants de CP. J'ai fait le choix en regroupement d'adaptation de travailler sur autre chose que les apprentissages scolaires. Le vendredi après-midi devient un moment privilégié de (re) construction du moi, de (ré) affirmation du moi. Ce ne sont plus quatre apprenants en difficulté qui sont en face de moi, mais quatre enfants avec des personnalités diverses qu'il faut réunifier dans un vivre ensemble de plus en plus problématique. La stratégie adoptée est celle du détournement : le jeu des petits chevaux. Cela peut paraître invraisemblable, mais ce jeu leur est totalement inconnu. Ces quatre enfants perdront du temps ( ?) à jouer.
A l'occasion de ce jeu, plusieurs difficultés insoupçonnées apparaissent : tous les quatre veulent le cheval rouge (jusqu'aux larmes), peu savent se déplacer sur le chemin après avoir lancé le dé (dans quel sens aller, comment compter), certains ne supportent pas de ne pas faire 6 ou de devoir retourner à l'écurie.
Nous en arrivons au tirage au sort pour le cheval rouge avec promesse préalable de ne pas « péter les plombs » en cas d'infortune. Joie du vainqueur, mines désespérées des vaincus, mais chacun accepte (surtout celui qui a le cheval rouge).
La partie commence, des stratégies se mettent en place, surtout, depuis que la règle du retour à l'écurie en cas de dépassement, a été mise en place. Celui qui n'arrive pas à faire 6 pour démarrer se console en se disant que lorsqu'il démarrera, il renverra à l'écurie celui qui approche. Je note le désespoir (feint ?) de celui qui piétine à l'entrée de sa maison en maudissant le dé qui ne veut pas faire 1 avant de devoir recommencer après le passage d'un autre cheval et la jubilation de son cavalier.
Le verbe est haut, l'émotion intense, le suspens entier et insoutenable. Les larmes coulent, la joie éclate, les bouderies s'installent (pas longtemps), les corps bougent, sautent, s'interpellent, roulent…La vie quoi !
Les jours de la semaine sont devenus une attente de ces vendredis après-midi et de leurs parties de petits chevaux. Chaque fois que je croise un de ces enfants, ce sont les mêmes questions : « dis, vendredi, on va jouer aux petits chevaux ? Cette fois, c'est moi qui aurai le cheval rouge ? ».
Un enfant, après avoir lancé le dé, s'écrie dans une roulade : « j'adore ! ».
Patrick Marsan Juin 2016

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