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    La formation, les formateurs, les formateurs de formateurs interrogent avec forces, le process formation sous tous ses angles, y compris dans ses résultats. On y parle de l'apprentissage, du savoir, de sa construction, de la construction de l'individu en formation, mais beaucoup plus rarement de sa forme.
Si la formation dans ses diverses variations existe belle et bien, on s'interroge plus rarement sur sa finalité, sur l'arrière-plan. Nous sommes ici dans un des métiers de l'humain, métiers impossibles selon Freud, comme gouverner et éduquer. Impossible, car on en vient jamais à bout, impossible, car nous travaillons un sujet complexe : l'humain.
La formation, une intrication métissée fonde l'arrière-plan qui supporte la question du milieu de formation. Il faut comprendre la trame pour accéder à l'arrière-plan de la trame. Il faut comprendre la forme pour accéder à l'essence de cette forme. Cette question, celle de la forme, c'est du fond qui remonte à la surface, comme aimait à le dire Victor Hugo. Poser autrement l'interrogation serait : Quand on forme ? À quel modèle forme-t-on ?
De quel modèle parle-t-on ? Le modèle le plus renommé est celui de la mode : le top-modèle. Peut-on caractériser un top-modèle dans un défilé ? Quels seraient les mots qui qualifieraient le mieux ? Originalité, singularité, style, déhanchement...
Le défilé se doit d'être un moment original et singulier. Un moment pas comme les autres, et pas comme les autres défilés non plus, il caractérise un styliste, il donne l'image d'un style, d'un esprit, d'une volonté de transmettre quelque chose de différent. Tout défilé porte une forme spécifique de montrer ce style, qui n'est rien d'autre que cette forme qui remonte à la surface. Cette forme nous dit quelque chose de l'auteur, du styliste : cette forme, c'est le styliste « soi-même ». C'est aussi une vision, une visée et un projet culturel en puissance. Mais le « soi » ne va pas de soi.
À l'identique, chaque formateur porte une forme de formation, un modèle, et forme selon ce modèle. Un modèle qu'il transmet plus ou moins inconsciemment, imprégné de son histoire personnelle, de son expérience et de sa pratique professionnelle, de ses affinités à l'humain, d'un ancrage aussi dans son institution de formation. La question est donc ce modèle est-il au top ? Ce modèle à transmettre porte une idéologie de la personne, une idéologie de société, une idéologie d'organisation, il transpire aussi ma manière de faire de la formation, de la piloter, de choisir des prestataires de formation.
Il n'existe pas de bons modèles, de même qu'il n'existe pas le « bon » formateur. Chaque formateur fait de son mieux avec ce qu'il est, ce qu'il a, ce qui l'environne, ce qu'il projette au sens psychanalytique du terme, pour le transmettre. Mais ce qui importe, c'est le degré de conscience de nos influences environnantes. Il s'agit de les cerner sans en espérer une maîtrise totale. L'idéal est de faire avec le maximum de conscience totale ; mais c'est un idéal... Gagner du terrain sur nos aliénations et nos représentations. Le travail pour transmettre se situe là.
Transmettre quoi ? D'abord, les différentes pulsions idéologiques qui enracinent une formation comme nous venons de le voir. Ensuite, une passion d'apprendre, une passion de la réflexion, une passion de la pensée et de l'intelligence d'un bel instant. C'est ce métissage qui fera le bon modèle ; le top-modèle ; encore faut-il en avoir conscience !
                                                                                                                                                                                                                                                                                      Sylvain RISS
                                                                                                                                                                                                                                                                             15 novembre 2014

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