L'envie d'avoir envie
Le but du dispositif de Français en 3è était de prendre en compte des élèves en difficulté qui, dans le groupe classe, auraient été en échec.
Lors de la première heure de cours, je leur ai demandé de répondre par écrit à la question suivante : "Quelles sont vos qualités qui expliquent, à votre avis, que vous ayez été admis dans le dispositif ? " Ils m'ont regardée, stupéfaits : " Ben, on n'en a pas... Sinon on ne serait pas là .. "
Le travail a consisté à leur prouver le contraire ou plutôt à leur donner envie de prouver le contraire, en adaptant bien sûr la méthode à des élèves qui ne travaillaient pas chez eux pour différentes raisons ( entre autres parce que de toute manière, ça ne donnait rien, et depuis longtemps), mais surtout en créant une identité de groupe : ils voulaient prouver aux autres qu'ils n'étaient pas" des nuls. "
Cela apparaissait entre autres dans la manière dont ils mettaient un point d'honneur à soigner leur "prestation" avec mes stagiaires et me demandaient le lendemain s'ils avaient été aussi bien que mes autres 3è. Quand je les voyais partir aux épreuves communes ou à l'oral d'histoire des arts, gonflés à bloc, je m'en voulais presque d'être méfiante et le fait est qu'ils s'en tiraient en général plutôt honorablement.
J'ai vu passer bien des classes sympathiques ou brillantes dans ma carrière, mais les deux années où j'ai eu en charge le dispositif ont été importantes pour moi.